D��vidence, on ne "craque" pas devant un
Defender tout neuf par hasard. Malgr� sa silhouette plus que cinquantenaire,
son confort disons "archa�que" et les "l�gendes" qui l�entourent,
il continue de s�duire. Et pas au fin fond de la niche ! Pas moins de 1781
immatriculations enregistr�es l�an dernier sur notre sol, c�est-�-dire
autant que de Jeep Cherokee et de Lada Niva r�unies !
Quand un concept est bon, il perdure. Celui du Land Defender
s�appuie donc toujours sur les trois valeurs fondamentales qui ont forg� le
succ�s de la lign�e : simplicit� de fabrication, robustesse des �l�ments
m�caniques et recherche d�une efficacit� totale sur tous les terrains. On
ajoutera � la recette un zeste de g�nie et, parfois, une
"logique"... toute britannique ! Ainsi, dernier exemple en date, les
t�tes pensantes de Solihull ont-elles d�cid� de greffer un anti-patinage
�lectronique � la transmission. Au grand dam bien s�r des aficionados de la
b�te !
Mais qu�en est-il au juste ? Sacril�ge ou �volution
bienfaisante ? C�est ce que nous avons vraiment voulu savoir en inscrivant
"notre" anglais � la derni�re Croisi�re Blanche en stricte tenue de
s�rie, hormis la monte de chaussettes appropri�es, en l�occurrence des
Michelin O/R 4x4 en 235 / 85 R16 sur des jantes t�les renforc�es de Land 130.
Un bon choix.
HABITABILITE SPARTIATE...
Beaucoup plus haut, plus large plus long aussi que son
illustre a�eul gr�ce � un empattement port� � 2,36 m, le Defender 90 Td5
"Station Wagon" en impose dans son smoking m�tallis� gris clair. La
couleur du toit est assortie � la celle de la carrosserie y compris les
�largisseurs d�ailes en plastique souple. Les vitres teint�es, les quatre
si�ges arri�re en vis � vis, le marchepied repliable arri�re, la moquette
dans l�habitacle, l�autoradio K7 et le toit ouvrant translucide amovible
sont de s�rie sur le County. En prime, nous avons pu essayer une version d�essai
versant carr�ment dans le luxe avec son �quipement optionnel int�grant cinq
jantes alu cinq branches piqu�es au Discovery et �quip�es de gros BF Goodrich
plus la climatisation et l�ABS coupl� � l�anti-patinage etc.Ce qui porte
en final la facture � quelques 200 000 F ! Et l�, �a commence � faire
lourd surtout au moment o� l�on doit remonter ses vitres... � la
manivelle ! � ce tarif, on commence aussi � lorgner sur le Discovery, ou
ailleurs...� bord, pas de surprise. Le poste de conduite est ainsi toujours
d�cal� vers la gauche, le p�dalier aussi et il n�y a gu�re de place � l�avant,
l��norme volant venant vous taquiner l�abdomen et la porti�re, le coude.
Mais il y a pire : l�arr�t de charge derri�re les si�ges avant interdit non
seulement toute inclinaison des dossiers mais ne permet pas un recul suffisant
de l�assise. Au dessus de 1,75 m, crampes en perspective.Dans la soute
arri�re, quatre si�ges strapontins repliables dispos�s en vis � vis. Un
paradis pour les compagnons de Blanche Neige, pas pour la moiti� d�un
basketteur de la NBA. En fait, on peut "s�autoriser" un parcours de
moyenne distance � deux, ce qui porte � quatre les places r�ellement
disponibles et non � sept puisqu�� l�avant on trouve au-dessus du tunnel
de la transmission, un petit troisi�me si�ge - franchement inutilisable -
coinc� entre les deux autres ! Sacr�s britons !
SOUS SURVEILLANCE ELECTRONIQUE
Techniquement et pour les rares qui ne seraient pas encore au
parfum, on rappellera que le Defender adopte un solide ch�ssis �chelle
s�par� � longerons et traverses, une carrosserie inimitable pratiquement 100%
aluminium (un souvenir de l�apr�s guerre o� ce m�tal �tait moins rare et
cher que l�acier !), deux essieux rigides suspendus par des ressorts
h�lico�daux, une transmission int�grale permanente avec transfert et bo�te
courte sans oublier un diff�rentiel central verrouillable sur les deux gammes,
courte ou longue.
Les nouveaut�s, ou plut�t les �volutions sont ailleurs. D�abord
sous le capot o� depuis bient�t deux ans, le Defender b�n�ficie du cinq
cylindres turbo diesel � injection directe inaugur� sur le Discovery. D�une
cylindr�e de 2495 cm3,ce moteur de la famille "Storm"
con�u � 100% par Land Rover a �t� r�gl� � 122 chevaux � 4200 t/mn et 300
Nm de couple maxi � 1950 t/mn. Une puissance certes inf�rieure � celle du
Discovery (138 ch) mais qui revendique neuf chevaux de plus par rapport � l�ancien
4 cylindres 300 Tdi nanti de la m�me cylindr�e qui �quipait le Defender jusqu�en
1999. En revanche, le couple lui aussi plus g�n�reux (de 34 Nm) est cependant
atteint � un r�gime sup�rieur au lieu de 1800 t/mn, ce qui on le verra se
per�oit de fa�on assez sensible.
Techniquement tr�s �volu�, ce groupe b�n�ficie d�injecteurs-pompes
�lectroniques tels que ceux �quipant les camions les plus performants. Cette
technologie (baptis�e EUI par le constructeur) qui permet d�am�liorer la
souplesse et le rendement, utilise une pompe � piston plongeur mue par l�arbre
� cames pour chaque injecteur de cylindre via une commande � haute pr�cision
contr�lant l�ouverture. La pression atteint alors 1500 bars (environ 600 bars
normalement) ce qui a pour effet de br�ler compl�tement le carburant inject�
et de r�duire � presque rien les �missions polluantes. Si bien que le Td5 par
ailleurs pourvu d�un intercooler au turbo et d�un filtre � huile centrifuge
(ce qui permet au passage de parcourir 20 000 km entre deux vidanges), se passe
de pot catalytique. Revers de la m�daille, cette technologie de pointe n�accepte
que du gazole de (tr�s) bonne qualit� et de grande propret� sous peine
�galement de boucher le filtre ultra fin capable d�arr�ter des particules de
3 � 4 microns (15 � 20 habituellement). Certes, un capteur d�eau � la base
de ce filtre allume un voyant d�alerte au cas o� une contamination excessive
du carburant serait d�tect�e. Mais ces "progr�s" se transformeront
vite en une g�ne certaine pour qui veut voyager loin, notamment en Afrique o�
le gazole local risque de faire tousser le Land. Car de surcro�t, la f�e
�lectronique semble d�sormais surveiller ce groupe non pas de sa baguette mais
du haut d�un mirador. Sur le papier et outre la gestion de l�injection, elle
assure en effet trois autres fonctions " discutables ". �
savoir, qu�elle avance ou retarde l�allumage en fonction des conditions de
passage des rapports de la bo�te, qu�elle optimise les mont�es en r�gimes
afin de les rendre plus r�guli�res, autrement dit en gommant les �ventuels
"�-coups", et sans doute le plus perceptible, qu�elle modifie le
r�glage du moteur en gamme courte tout en allongeant la course de la p�dale d�acc�l�rateur.
Et l�, le panneau "Trop, c�est trop" vient d��tre franchi. Non
pas que ces bonnes intentions soient inutiles, mais on a l�impression que
parfois, la m�canique semble ne plus vouloir vous ob�ir !
Plus convaincant, le syst�me ETC, (Electronic Track
Control). Syst�matiquement associ� � l�ABS et son r�partiteur
�lectronique EBD, cet anti-patinage des roues agit sur les disques en freinant
automatiquement la ou les roues qui patinent ou en perte d�adh�rence et
renvoie ainsi aux autres le couple afin d�obtenir une motricit� maximale. Ce
dispositif fort heureusement (et contrairement � celui mont� sur les Discovery)
ne supprime pas le blocage du diff�rentiel central. Par ailleurs, l�ETC
fonctionne jusqu�� 100 km/h et en gamme courte sa mise en marche se
d�clenche plus facilement au contraire de l�ABS qui "retarde" de
son c�t� ses effets de pincements.
IMPERIAL EN OFF ROAD
Pas de doute, la forte personnalit� pure et dure de l�engin
reste pr�serv�e. En effet, il affiche m�me un comportement raffermi par
rapport � la version standard � cause de l�option Freestyle qui comprend
outre les superbes roues, deux barres anti-roulis avant/arri�re. Si elles
permettent un meilleur guidage dans les tenues de cap, elles limitent les
d�battements et p�nalisent d�autant le confort. � cela, la pr�sence de ces
gros pneus se traduit par un r�glage des but�es de direction diff�rent, d�o�
un rayon de braquage sup�rieur de 1,60 m ! La l�gendaire maniabilit� du
Defender en prend un s�rieux coup et sur petites pistes, il faudra maneuvrer
en courbes serr�es !
Taill� pour d�fier les terrains extr�mes, il conserve
naturellement de fantastiques aptitudes au franchissement. Rien ne nous a
arr�t�s dans la vall�e du Champsaur, sauf une forte et longue grimp�e
attaqu�e sur un mauvais rapport. En trois jours de raid, �a fait peu ! Rien en
fait ne semble pouvoir stopper le ph�nom�ne. On appr�cie ses porte-�-faux
ultra r�duits, ses d�battements de ponts exemplaires (malgr� les barres), l�excellente
d�multiplication de son transfert, sa garde au sol g�n�reuse, sa carrosserie
peu expos�e aux agressions du relief (sauf les t�les de bas de caisse qui ne
supportent pas les appuis) et son empattement court capable d�enrouler les
cr�tes sans soucis.
Son relatif faible poids (de 1695 � 1810 kg) autorise des
prises de g�te et des d�vers au-del� des normes. Compact, il escalade l� o�
la concurrence rend les armes car d�sormais sa motricit� est sublim�e par l�ETC.
N�en d�plaise aux puristes, le syst�me fonctionne � merveille en toutes
circonstances et sur tous types de surfaces : neige, boue, sable... Mieux, l�ETC
permet d�exploiter au plus bas le couple. Il n�est plus besoin d�acc�l�rer
devant l�obstacle pour pallier l�absence des blocages de ponts. Le syst�me
se charge de tout et contr�le quand il faut et instantan�ment toute roue
�prise de libert�. Autre cons�quence non n�gligeable, les reprises d�adh�rence
brutales ne peuvent plus se traduire par la casse d�un arbre. Et puis, quelle
s�r�nit�, quel plaisir dans la conduite ! Seul cas possible de mise en
�chec, lorsque les quatre roues patinent � la m�me vitesse. Un b�mol bien
th�orique puisque nous avons essay�, en vain, de trouver cette configuration
durant notre p�riple alpin. Nos critiques porteront plus s�rement sur la
perception � la p�dale (trop dure) et aux l�gers temps de r�ponse en relance
moteur. Il ne faut pas r�ver, ce 5 cylindres n�est pas un foudre de guerre et
dans certains registres (disponibilit� du couple notamment), nous lui
pr�f�rons l�ancien 300 Tdi.
Maintenant l�ABS nous a agr�ablement surpris. C�est
vrai, lors d�une descente prise rapidement et sur un freinage tr�s appuy� il
se d�clenche. Pour le reste... Les r�fractaires pourront toujours supprimer
son fusible, (c�est le septi�me en partant de la gauche sur la console du
bo�tier) mais ils se priveront alors de l�ETC. La direction assez l�g�re
(entach�e d�un diam�tre de 13,40 m !) n�est pas d�une pr�cision
redoutable et se fera sentir sur pistes rapides o� le Defender 90 rend un peu
la main face aux ch�ssis longs.
LABORIEUX SUR L�ASPHALTE
Retour sur bitume. L�, changement de registre et plong�e
vers les origines ! Inutile d�insister sur l�ergonomie de l�habitacle, la
hauteur du seuil qui interdit la jupe ou le moelleux des banquettes, on n�ose
�crire fauteuils... Si l�on arrive � pardonner l�amortissement r�gl�
pour bouteilles Orangina et l�insonorisation (en l�ger progr�s quand m�me
avec le Td5) et si l�on se contente d�une allure de s�nateur, on peut
envisager la route et les autoroutes. Les performances tr�s proches pour ne pas
dire identiques � celles de l�ex-Tdi vous gratifient d�un difficile 140
km/h maxi en pointe et le mille m�tres se languit sur quasi quarante secondes.
Bref pas de quoi pavoiser sauf en reprises o� les 122 chevaux remuent
convenablement l�anglais. Mais le Cx frisant les Assises interdit tout vent de
face sous peine de ne plus pouvoir accrocher le 120 du compteur, quatri�me bien
s�r d�j� enclench�e ! Une punition ! La ville ne sera pas non plus sa
" cup of tea ", sa direction (encore) et son gabarit qui lui
interdit la plupart des parkings souterrains, le condamne et pas seulement aux
yeux de Madame.
On se consolera avec la consommation qui durant notre test a
vari� entre 9 et 14,6 litres de moyenne mais avec un maxi absolu de 17,2 obtenu
sur l�A6. En tout terrain, avec une conduite appropri�e aux nouvelles
caract�ristiques du Td5 on reste aux alentours des douze litres ce qui est tout
� fait remarquable. Compte tenu du r�servoir (60 l), l�autonomie appara�t
toutefois un peu juste. Enfin, signalons c�t� pratique, le 1,6 m3 de
volume maxi offert sans les si�ges arri�re, les 750 kg de charge utile ou les
3,5 tonnes de capacit� de traction sur remorque frein�e. L� encore, les
usagers, professionnels ou non, sauront appr�cier.
Baroudeur pur jus, b�te de travail pris�e des
administrations et autres services para-publics, le Defender conserve sa
couronne royale dans la cour des 4x4. Plus qu�une r�f�rence, ce mythe bien
roulant m�me saupoudr� d��lectronique baigne dans l�authentique. Certes,
on aurait souhait� d�avantage de punch pour faire passer la pilule au moment
de signer le ch�que. Plus que jamais, quand on aime...
Texte et photos extraits de "Passion 4x4" n�74 -
mars 2001
Carl EDOUIN S.A.
Carrefour de Malbrouck
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tel : 02 32 46 23 59
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